Culture, politique et fantaisie : l’Europe en scènes

La création artistique européenne explose chaque fin d’année à Reims grâce à un montage original en boule de billard, chaque structure culturelle de Reims renvoyant vers les autres pour promener le public à travers de nouvelles propositions de spectacle.

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Dire qu’il y a encore des gens pour se lamenter sur l’inconsistance de la culture à Reims. Aveuglement ? Snobisme ? Le dernier arrivé des acteurs culturels locaux, Jean-Philippe Collard, directeur artistique des Flâneries musicales depuis un an, s’inscrit en faux contre cette légende urbaine : « quand on regarde dans le détail la proposition culturelle de Reims, il y a de quoi tomber par terre tellement il y a de choses dans tous les domaines. C’est un véritable feu d’artifices. On ne peut pas passer à côté du fait culturel rémois. » La comptabilité lui donne raison : rien que sur les trois derniers mois de cette année, on dénombre en moyenne plus d’un rendez-vous par jour dans la ville intra muros. Y Contribue largement Reims Scènes d’Europe qui propose en ce moment même sa 5ème édition sur le thème des frontières et de l’exil. Toute ressemblance avec l’actualité politique n’est pas fortuite.

Digne descendant

D’où vient ce festival qui commence à s’installer dans le conscient collectif rémois et recueille depuis ses débuts un beau succès d’estime dans la presse (cérébrale) nationale ? Il est le descendant direct d’un autre festival créé en 2001 à la Comédie du temps d’Emmanuel Demarcy-Mota, centré sur le texte et l’écriture : Reims à Scène ouverte. Lui-même étant une extension des Langagières lancées par son prédécesseur, Christian Schiaretti. La grande différence : Reims Scènes d’Europe décloisonne, fait coopérer les scènes et visite toutes les formes d’art. La Comédie, l’Opéra, le Manège, la Cartonnerie, Nova Villa (qui prolonge ainsi l’effet Méli’Môme), Césaré (qui gagne en visibilité) et le Frac Champagne-Ardenne (qui sort de ses murs) ont agrégé cette année autour d’eux de nouveaux acteurs, comme Jazzus (mais où est donc passé Djaz51 ?), la Pellicule Ensorcelée, les Flâneries musicales, le cinéma Opéra, le palais du Tau, l’Institut international de la Marionnettes de Charleville-Mézières… Côté programmation, pas de jaloux : l’Europe du sud, l’Europe du nord, l’Europe de l’est sont représentées.

Anti lissage culturel

L’idée générale est de montrer la diversité et la vitalité (l’audace ?) de la création contemporaine européenne, de prouver que le Vieux Continent a des idées neuves. Presque un acte de résistance face à l’archi-domination de la culture américaine et au lissage culturel. Il faut pour cela organiser la rencontre entre les artistes et le public. Ce n’est pas le plus simple mais celui-ci se laisse gagner peu à peu grâce de belles premières expériences, plus que sur la foi du nom des spectacles, des artistes ou des compagnies. Car malgré l’assurance avec laquelle Ludovic Lagarde et Stéphanie Aubin présentent tel ou tel comme une star dans sa discipline en faisant bien mousser sa notoriété internationale, le spectateur lambda a le regret de leur annoncer qu’il n’en a jamais entendu parler. Qu’importe. Il y a deux ans, Reims Scènes d’Europe s’était refermé sur la virtuosité et la folie furieuse de Carlos Santos qui « massacrait » son piano avec des boules de pétanque en arrivant à produire une musique presque classique. De la fantaisie à l’état pur qui avait aéré les esprits. Pour l’ouverture du festival 2012, il est question de tableaux immersifs, de système audio-spatialisé, de promeneurs-joueurs et de vin chaud. Le secret d’un festivalier heureux serait-il donc d’accepter de se laisser surprendre ?

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