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Servir l’entreprise et non pas s’en servir. C’est cette morale qui va guider toute la carrière de Philippe Baijot.

refletsactuels.fr/wp-content/uploads/2014/04/P.-Baijot-Clos-Lanson-510_cr-373x146.jpg 373w" sizes="(max-width: 510px) 100vw, 510px" />Axonais, né à Guignicourt, il a longtemps vécu à Crézancy, dans le canton de Condé-en-Brie, avant de rejoindre Reims, ville dans laquelle il fréquenta l’ex ESC Reims. Son père, ardennais de souche, du côté de Revin, était fondeur, sa mère venait du Nord.  Et, lorsque l’on est étudiant à Reims … On découvre le Champagne

Philippe Baijot n’aime pas la fonderie. Et, coupe après coupe, il affectionne et le breuvage magique et le métier qui l’élabore. Diplôme de l’ESC en poche, le jeune converti frappe à la porte de quelques maisons de Champagne.  On est en 1973, le premier choc pétrolier distille la gueule de bois, dès le premier baril à très forte valeur ajoutée made in Emirats. Les portes restent closes et Philippe Baijot va s’occuper de l’exportation des produits d’une tannerie angevine.

Marne et Champagne déjà

Quoiqu’en dise Rabelais, ne pas abuser des vins de la Loire. Deux années plus tard, c’est le second essai  en Champagne. Cette fois-ci, le curriculum vitae de Philippe Baijot trouve des échos accueillants. Première rencontre avec Gaston Burtin. Le patron de Marne et Champagne a alors 76 ans. Il dirige le postulant vers d’autres horizons : « Vous n’y connaissez  rien. Allez travailler n’importe où. On se revoit dans deux ans ».

Après deux ans chez Abel Lepitre, en qualité d’inspecteur des ventes, Philippe Baijot est au rendez-vous de Gaston Burtin. Il est embauché pour promouvoir la marque Alfred Rothschild. Et l’affaire fonctionne bien. En 1990, à l’arrivée de Marie-Laurence et François-Xavier Mora, Philippe Baijot présente sa démission.

Depuis longtemps, Philippe Baijot et Bruno Paillard se connaissent. Ils ont travaillé ensemble. Ils sont amis. Bruno Paillard a déjà lancé son affaire de Champagne, depuis 1981, après avoir travaillé dans le courtage et occupé des fonctions à l’exportation pour Marne et Champagne, en Angleterre. Philippe Baijot rachète l’affaire de courtage du père de Bruno Paillard.

Une affaire d’amitié d’abord

« Le courtage c’est bien, le négoce c’est encore mieux ». Cette idée va réunir les deux amis et écrire la première page de l’alliance entre Bruno Paillard et Philippe Baijot. Tout commence avec le rachat de la marque Victor Canard, marque vite radiée, à la demande de Veuve Clicquot, en échange de la marque Chanoines Frères, historiquement la plus ancienne de Champagne, après Ruinart.

La suite va relativement vite : 1994, la prise de participation majoritaire chez Boizel, alors en difficulté, l’entrée en Bourse en 1996, l’achat de Philipponnat au groupe Marie Brizard, puis celui de De Venoge en 1998, propriété de Moët et Chandon. Arrive très vite dans la corbeille, Alexandre Bonnet et ses 43 hectares de vignes.

Ainsi s’est  renforcé le groupe BCC qui va réaliser en 2006 avec Marne et Champagne et ses marques prestigieuses, Lanson et Besserat de Bellefon, son ultime (jusqu’ici) rachat. Un quasi-retour aux sources pour Philippe Baijot.  Avec 20 millions de bouteilles vendues en 2012, Lanson-BCC est aujourd’hui le deuxième groupe de Champagne, derrière Moët Hennessy Champagne Services.

Un homme heureux Philippe Baijot ? Oui, heureux d’une amitié indéfectible avec Bruno Paillard et d’une histoire de près de quarante ans dont il est fier. A l’heure où le Champagne connaît un certain passage à vide, il reste serein : pas de désamour pour le produit, simplement ni désespérer ni oublier que les exigences de tous, clients et concurrents, sont grandes. Rendre le beau et le bon accessibles, sans compromission.

La qualité, domaine de l’exportation

Philippe Baijot évoque la grande exportation. L’avenir du Champagne est ailleurs : « Vendre une bouteille de Champagne sur deux en France est dangereux ». Iconoclaste, il pousse loin sa vision : « Je crois que nous allons vers un Champagne à deux vitesses : c’est la grande qualité qui doit aller à la grande exportation. Je préfère parler du Champagne au pluriel. Je crois en la diversité ». Les bouteilles de prix supposent des produits de qualité. Mais le spectre est large.

Et demain ? « J’ai envie de transmettre, il me faut y penser. Et cela se prépare ». Philippe Baijot ajoute, ironique : « Il faut que notre disparition soit un non évènement ». Encore quelques années à militer pour la qualité et la tradition et, au passage, sur la menace de la machine à vendanger, Philippe Baijot s’insurge avec mesure : « Ne pas exagérer. Dire que la vendange revient trop chère c’est comme si la Champagne demandait des subventions. Il faut se calmer ».

Et puis, bien plus tard, il faut imaginer Philippe Baijot, toujours heureux du côté des brises iodées de Carnac, ou quelque part au bout du monde qu’il aime découvrir, ou montant un de ses chevaux, avec ou sans chasse à courre. Et puisqu’il faut se quitter, Philippe Baijot confie « Je déteste la bêtise, la mauvaise foi, la connerie sous toutes ses formes, la méchanceté ». Vous l’aurez compris, le Pdg de Lanson milite pour l’amitié et les rencontres humaines, avant de conclure : « Je crois que je suis dans la catégorie des gentils ».