Le renouveau en marche du journal L’Union

Pascal DEJEAN, Directeur Général de la société du Journal l'Union

Une interview de Pascal Dejean, Directeur du quotidien l’Union de Reims
Gérard Delenclos

 

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Pascal DEJEAN, Directeur Général de la société du Journal l’Union

Depuis Juin 2013, Directeur général de l’Union et de l’Ardennais, Président de l’Est Eclair et Libération Champagne, Gérant de la régie publicitaire CAP Régies, Pascal DEJEAN évoque le renouveau des titres dont il a la responsabilité et tout particulièrement celui de l’Union.

Le journalisme et L’Union, toute une vie pour vous ?

Je suis très attaché à ce journal. Mon père était journaliste à L’Union, à Châlons, à Saint Dizier, à Revin. Je faisais mes devoirs sur le coin du bureau de mon père. Le virus vient de là. Je ne pouvais pas envisager faire un autre métier. Je ne sais faire que cela. Mon histoire avec L’Union remonte à plus de quarante ans.

L’Union va beaucoup mieux aujourd’hui ?

En presque deux ans, beaucoup de choses ont évolué. Nous étions au bord du dépôt de bilan avec des pertes de trois à quatre millions d’euros chaque année. Faute d’investissements, le journal cumulait des retards dans presque tous les domaines. Le groupe Rossel a investi, d’une manière ou d’une autre, entre 12 et 18 millions d’euros, le coût d’une restructuration et d’une modernisation  absolument nécessaire pour espérer un nouveau développement du titre.

Aujourd’hui, le journal se tient bien et on assiste à des frémissements positifs du côté des ventes. L’image du journal se porte mieux. Le contenu s’est rapproché de ce qu’attendaient nos lecteurs. On est passé d’un bilan négatif en 2013, année qui assumait ces coûts d’investissement, à un retour au bénéfice en 2014, avec un résultat autour de 2 M€, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros.

Comment évoluent les ventes ?

J’ai connu ce journal à 170 000 exemplaires, dans les années 70.  Aujourd’hui, la diffusion tourne autour de 90 000 exemplaires. Cette érosion est comparable à celle de l’ensemble de la presse quotidienne régionale.  Si L’Union a perdu dans ces années des ventes au numéro,  le journal circule mieux et il est donc plus lu que d’ordinaire. Les lecteurs de l’Union sont à 70% des abonnés qui reçoivent tôt le matin leur journal, et cette fidélité progresse bien.

Parallèlement, nous gagnons des lecteurs sur Internet. Le site de l’Union qui sera bientôt payant reçoit 60 à 70 000 visiteurs par jour. Nous pouvons certainement faire encore mieux et passer assez vite la barre des 100 000 visiteurs pour aller encore plus loin.

Quelle est la ligne éditoriale de l’Union ?

La tradition du journal est hors du champ partisan ou politique. Notre volonté est d’évoquer la réalité de la Champagne-Ardenne et de chacune des collectivités qui la composent. Nous sommes le reflet et le miroir du quotidien de nos lecteurs, à tous les échelons possibles. Nous revenons désormais  à une information locale dont on s’était quelque peu éloigné. Pour y parvenir, les équipes locales ont été étoffées et des correspondants embauchés.

Comment évoluer dans une région qui va changer ?

Nous disposons de huit éditions, dans la Marne, les Ardennes et l’Aisne, sans oublier les deux journaux de l’Aube. Se développer ici n’est pas plus compliqué que dans une grande région.  L’Union dans l’Aisne ne ressemble pas à L’Union dans la Marne. Il n’y a pas d’ambigüité dans notre zone de diffusion et je ne désespère pas de voir l’Aisne se rapprocher de la Champagne-Ardenne, y compris dans le cadre de la future grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.

L’effet Charlie et la liberté de la presse ?

Evidemment, nous nous sommes sentis immédiatement concernés. La région a été touchée. Cabu est châlonnais. Il a fait ses débuts à L’Union. La rédaction a toujours entretenu des liens très étroits avec lui. La liberté d’expression nous concerne directement. Au moment des attentats, ceux qui ne travaillaient pas ce jour-là sont venus renforcer les équipes.

Cette affaire a eu une grosse répercussion sur les ventes, avec une diffusion doublée le premier jour et de 30 à 40 000 exemplaires supplémentaires les jours qui ont suivi. L’ensemble de la presse écrite a  vu ses ventes grossir pendant une dizaine de jours. Le public est venu vérifier chez nous ce que les radios et les télévisions avaient annoncé. L’écrit s’affirme ainsi comme à un vecteur indispensable de l’information.

Le journalisme écrit est une nécessité ?

Oui, nous sommes à l’écoute des réseaux sociaux et en même temps l’écrit, avec son recul, peut permettre de mieux jauger la réalité. La presse écrite est ressortie grandie de cette affaire. Nous n’avons pas forcément mis ce slogan « Je suis Charlie » en avant. Nous n’avons pas annexé Charlie. L’Union n’est pas Charlie. Notre métier n’est pas la caricature de l’information. Mais, évidemment, nous sommes solidaires.

Nous avons appelé nos lecteurs à une certaine solidarité envers Charlie Hebdo, y compris financière. Les autres journaux ne sont pas plus Charlie que nous. Nous avons pris le recul nécessaire. Nous sommes entièrement solidaires, mais nous n’avons pas vocation à devenir Charlie.

La liberté de la presse jusqu’où ?

Il faut tolérer et encourager cette liberté essentielle à notre métier. Pour moi, je ne vois apparemment pas de limites à la liberté de la presse. Mais, chacun dans le journal se fixe des limites. L’Union n’est pas un journal qui prend parti ou qui caricature l’actualité. Ne pas froisser, ne pas stigmatiser les appartenances des uns et des autres. Dans certains cas, on peut passer certaines limites dans le respect de la loi. Pour autant, la liberté n’est pas faite pour blesser.

Et demain ?

L’avenir de L’Union, nous y travaillons, depuis un an et demi. Nous avons fait un bon bout de chemin dans la modernisation, jusqu’à changer le logo du journal, la maquette et le contenu. Nous engageons notre mutation vers les supports électroniques, avec des nouveaux sites et des nouvelles applications, dans les semaines qui viennent.

Les ventes remontent, depuis un an. On va monétiser l’information en ligne, dès  ce mois de Février. Nos lecteurs sur Internet auront sous peu un journal complet d’informations locales en continu.  Je suis fier de ce journal et fier du travail réalisé par tous les salariés de L’Union et à tous les étages.

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