Reims: La musique, toutes les musiques…

@Bernard_Martinez

Les Flâneries musicales de Reims 2015 commencent. Voici 3 ans que Jean-Philippe Collard en a pris la direction artistique ; un amoureux de Reims, du patrimoine et du Champagne, de la musique, de toutes les musiques. Rencontre.

Vous dites souvent que les Flâneries sont uniques ?

Dans ma carrière de pianiste, je n’ai jamais rencontré une telle manifestation. J’ai participé à bien des festivals et je ne trouve pas d’exemples comparables. C’est-à-dire que l’idée même – non seulement du nom, mais encore d’avoir parsemé la ville de scènes multiples de manière à aller vers le public – est formidable. Et je dis que c’est unique car je ne vois pas qu’une ville puisse à ce point être inondée de musique dans des lieux aussi divers, qui ne sont d’ailleurs pas nécessairement faits pour la musique. Il n’y a pas d’équivalent au monde !

Et puis, il y a cette spécificité du mariage de la musique et du patrimoine. Des lieux emblématiques sans cesse réappropriés, apprivoisés, car complètement différents les uns des autres. Je prends l’exemple de la cuverie du Champagne de Cazanove : personne n’avait songé à y jouer de la musique, et pourtant elle en modernise un peu l’image parce qu’elle se prête à des évocations de répertoire que l’on ne pourrait évidemment pas faire à la basilique Saint-Remi.

Un festival de musique classique ou plus ?

Vous observerez que les Flâneries 2015 vont vers des rives qui apparaissent éloignées de cette musique « classique », mais qui sont pour moi de la très belle musique avant tout. Nous rendrons hommage le 5 juillet à  Gilbert Bécaud. C’était un musicien de très grande qualité. Il jouait magnifiquement du piano, et il se trouve qu’il a écrit des chansons qui traversent aussi les décennies. On va dire que c’est de la musique plus légère – horrible mot ! C’est de la musique qui fait plaisir, que l’on peut chanter, sur laquelle on peut danser, et pour moi la frontière n’existe plus. Voici quelques semaines, je jouais à côté du Mans, à l’abbaye de l’Epau. Ce festival, qui a une trentaine d’années, est sous-titré « musiques classiques » au pluriel. Cela résume bien ce que j’ai en tête. Pourquoi vouloir à tout prix définir des périmètres au motif que Mozart était génial et sans concurrence ? Certes, il ne s’agit pas de comparer aujourd’hui Bécaud et Mozart qui a traversé les siècles mais, dans le vaste creuset des grands compositeurs classiques, il y a des incises possibles, de petites ouvertures que l’on peut susciter. Le si bémol de l’un est identique à celui de l’autre… La multiplicité des lieux de concert appelle ces petites ouvertures qui me ravissent et donnent aux Flâneries leur caractère unique.

Votre partition

J’ai à cœur – et c’est aussi ce que l’on me propose – de donner une illustration de mes goûts musicaux, et c’est vrai que ce festival ressemble à ce que j’aime ; je le parsème de répertoires qui ne sont pas forcément les miens. Ce sont mes goûts, mes envies, mes connaissances, et il me semble que l’édition 2015 en est une synthèse équilibrée. Vais-je avoir l’adhésion du public ? Vais-je réussir la mission que l’on m’a confiée ? Je suis certes responsable du festival qui vient, mais surtout des festivals à venir, et mon but est non seulement de le soutenir mais également de l’élever, de sentir qu’il y a une adhésion encore plus forte. Et ça, c’est plus angoissant que de donner un concert à Carnegie Hall !

 Un mot aux Flâneurs

Appréciez le plus possible la musique que vous aimez. Mais allez aussi au-delà de votre premier choix. Il y a des choses magnifiques à découvrir. Faites-moi confiance ! Et vous éprouverez alors ce plaisir profond – ou ce choc esthétique – auquel vous ne vous attendiez pas…

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