Il sera à Reims, le 17 Décembre, l’invité de RMS dans le cadre des Rencontres Passerelles. Didier Decoin y évoquera son Dictionnaire Amoureux de la Bible. Un témoignage érudit et romanesque sur le plus grand best-seller mondial (40 millions d’exemplaires édités chaque année). La Bible de Didier Decoin, d’Abraham à Yahvé ? Le recul intelligent et plein d’humour devant ce qui restera à jamais un mystère. Le quadrilatère infernal : Dieu, la création du Monde, l’homme et la religion.
refletsactuels.fr/wp-content/uploads/2009/12/decoin-373x146.jpg 373w" sizes="(max-width: 510px) 100vw, 510px" />Peut-on être amoureux de la Bible ?
J’avais besoin d’une écriture un peu romanesque, d’une Bible qui chante aussi. Mes toiles de fond étaient prêtes, je connaissais les lieux de la Bible avant de m’attaquer à six années d’études et de rédaction. Comme beaucoup, je me suis posé la question de l’authenticité des écrits bibliques. Difficile d’aborder un livre qui est la source de bien des religions et, dans le même temps, de l’athéisme.
Pourquoi cette importance donnée de tout temps à la Bible ?
Parce que la Bible parle de l’homme, de l’aventure inouïe de l’humanité et de Dieu. C’est l’histoire de la Genèse : d’un rien va naître un Monde. Imaginez que ce livre concentre l’œuvre de cinquante auteurs, que toute cette histoire par du sac de Jérusalem, de la captivité des Juifs à Babylone, d’un peuple devenu esclave et à qui on donne un espoir : il est le peuple élu, choisi par Dieu. La vérité ? N’allez pas chercher les murailles de Jéricho. Il n’y a jamais eu de murailles à Jéricho. Cinquante auteurs et des siècles d’écriture et de traduction.
Mon projet était de dire que la Bible est le plus beau livre de tous les temps. J’ai travaillé d’abord sur les entrées du Dictionnaire et bien s’est construite ensuite et naturellement l’arborescence des sujets et des idées. Je ne voulais pas rédiger quelque chose d’exégète et de lourd. J’ai voulu écrire selon une technique romanesque. Ce que je raconte est fondée ou hypothétique et dans les deux cas je l’indique.
Faut-il croire en la Bible ?
C’est d’abord une tradition, avec parfois des racines parfaitement identifiées. On peut lire la Bible comme un livre de paix. On ne se bat pas pour la Bible, même si elle parle de guerres de territoires. Jérusalem n’appartient pas à une seule religion. En 2050, ou avant, on aura réglé les petits problèmes de 2009. Les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens ont le même Dieu. On ne peut brandir, au nom de la vérité, ni la Bible ni le Coran. On fait trop souvent encore une mauvaise lecture de ces textes.
Je me suis régalé en écrivant ce dictionnaire, peut-être parce que ma foi est en un Dieu et pas en une religion. Au moment où je vous parle, vous ne voyez pas Dieu et pourtant il est là. Au Hasard des entrées du Dictionnaire : le Paradis. Inconcevable ! C’est tellement beau, tellement génial, que nous sommes incapables de l’imaginer. Mais il existe des paradis terrestres. Chacun le nôtre. Jésus n’a jamais décrit le Paradis. Il faut y croire. Ne me touche pas dit Jésus ressuscité à Marie Madeleine qui allait se jeter dans ses bras. Il est si joli le mystère de l’intouchable.
Marie ?
Je l’ai toujours appelée Mademoiselle. Elle est toujours une jeune fille. Même si elle a vécu une soixantaine d’années. Je suis amoureux de Marie, de sa pureté. Elle a porté l’enfant de Dieu. Elle a dit oui quand nous passons notre temps à dire non. Pas besoin de s’intéresser à l’immaculée conception. Nous sommes loin du Monde des hommes.
Adam et Eve ?
La vérité, c’est la naissance de l’humanité quelle que part du côté de l’Afrique. Le Jardin d’Eden ? Il est en Irak. On est dans l’allégorie avec, parfois, des vérités géographiques. Adam et Eve ? Ils ont voulu être Dieu. La Bible est un livre poétique. Je le dis. Le déluge ? Peut-être. L’Arche de Noé ? Non ! J’ai respecté le texte biblique : Dieu a regretté sa création, il l’a détruite et à recommencé son œuvre. Adam et Eve ont bien fait de fauter. Nous sommes là grâce à eux. La passion du jardinage aussi. Chassé du Paradis, Adam a dû s’attaquer à une terre aride.
La haine, la guerre, le mal ?
Dieu sait pourquoi. Je suis croyant. Ce n’est pas aussi simple. Il faut lire la Bible. Entre les lignes, quelque chose va vous sauter au cœur. Quand j’avais peur de l’orage, mon père me prenait dans ses bras. Je ne comprenais pas l’orage. Lui comprenait. Ailleurs, c’est mieux ? Si je suis heureux c’est de savoir que quelqu’un a les réponses aux questions que je me pose. Si un jour je rencontre Dieu ? Je lui dirais enfin toi !