Guerre 1914-1918 : Michel Jolyot laisse sa trace

Comme tous les hommes de sa classe d’âge, Henri Jolyot fut mobilisé en 1914. Comme la plupart des survivants, il ne fut pas très bavard sur la vie qu’il avait menée à la frontière de la mort pendant les quatre années du conflit. C’est à ce grand-père disparu à 101 ans, et dont il garde précieusement quelques reliques dont sa gourde de soldat, que Michel Jolyot a dédicacé son dernier livre.

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Ce livre est né d’une intuition que le photographe rémois a eue pendant une campagne de prise de vues en hélicoptère, bien avant le branle-bas des commémorations du centenaire : pourquoi ne pas faire un album des sites de la Grande guerre vus du ciel ? La longueur de la ligne de front a été dissuasive et il a dû rabattre ses ambitions, se concentrant sur la Marne, département de France qui détient le plus grand nombre de sépultures militaires. « J’ai fait toutes les démarches utiles à la compréhension de l’histoire dans le temps et dans l’espace et créé un réseau d’informations pour essayer de ne rien manquer. » En jouant sur l’alternance de photos aériennes et de photos prises à hauteur d’homme, il est parti à la manière d’un enquêteur sur les nombreuses traces que la guerre 14-18 a imprimées dans le paysage.

Des champs de croix blanches

Les cimetières militaires français, ossuaires, monuments aux morts, chapelles et calvaires, dont certains voisinent avec la vigne ou les bâtiments viticoles, forment la part la plus notoire de cet inventaire thématique. Quelques-uns se détachent par leur singularité, comme la nécropole de la ferme des Wacques à Souain où de larges croix de pierre sont disposées en cercle comme dans un cromlech celtique. S’y ajoutent les cimetières étrangers qui, selon un ordonnancement différent, rappellent la présence des soldats russes, polonais, anglais, italiens, américains, allemands, etc. Michel Jolyot s’attarde sur la Main de Massiges, repère les forts, blockhaus, postes d’observation (dont un sous le moulin de Verzenay) et s’arrête sur des détails criants : la tombe d’un soldat annamite, des cloches observatoires, une batterie allemande de 77, mais aussi des baraques Adrian, obusiers, graffitis de caves et bien sûr des bornes Vauthier.

Un accès aux camps militaires

Soutenu par le Département et la Région, bénéficiant du label « Mission Centenaire », le projet de Michel Jolyot a été bien accueilli par l’Armée française qui lui a donné accès à certains sites dans l’enceinte des camps militaires.  Il a notamment pu approcher les vestiges des villages détruits, tels que Nauroy, Hurlus, Tahure.  « C’est à l’intérieur du camp de Moronvilliers, sur le Mont Cornillet, que j’ai trouvé le témoignage le plus rare et sans doute le plus émouvant de tous : une stèle, aujourd’hui cernée de ronces, qu’un père avait érigée à la mémoire de son fils disparu dans les combats. »

S’il a fait le plein d’anecdotes au contact de ses guides d’occasion, Michel Jolyot a fait confiance aux photos pour raconter une histoire presque sans paroles. Sa rencontre avec l’écrivaine rémoise Gisèle Bienne, qui a montré dans « La ferme de Navarrin » une grande sensibilité à cette période, a juste donné matière à un beau texte liminaire qui redonne de la « chair » à ces paysages sans âme qui vive.

 

 

« Traces de la guerre 14-18 dans la Marne » (32 €), disponible dans toutes les librairies et espaces culturels.

Du même auteur, vient également de paraître : « Cathédrale Notre-Dame de Reims » (1,50 € par exemplaire acheté sera reversé à l’association des Amis de la Cathédrale de Reims » pour contribution à la restauration de la Grande Rose).

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