Barbe bleue à l’Opéra de Reims : La curiosité est-elle un si vilain défaut ?

 

Jamais rejoué depuis sa création en 1789, l’opéra comique Barbe bleue s’offre aux Rémois ce vendredi 13 mai à 20h30 dans une interprétation pleine d’heureuses surprises.

L’Opéra de Reims n’est pas le plus grand ni le plus riche de France. Il n’en est que plus ambitieux, libre, innovant dans ses choix. Et le prouve à nouveau en accueillant en résidence l’ensemble baroque des Monts du Reuil, qui fréquentait déjà la maison par intermittence (Docteur Sangrado, Le Soldat Magicien) mais prend cette fois pension pour créer et promouvoir des œuvres anciennes, rares et néanmoins romanesques, populaires, parlant musicalement à tout le monde. «  Reims est l’un des rares opéras qui propose des résidences d’artistes et s’engage avec eux sur plusieurs années. Quelle énorme opportunité pour nous ! apprécie la claveciniste Hélène Clerc-Murgier qui co-dirige cet ensemble avec Pauline Warnier, violoncelliste. Serge Gaymard veut aller vers des publics éloignés de la musique. Nous aussi. Par vocation et parce que notre répertoire le permet. Ce sont deux désirs qui se sont rencontrés. »

Subjugués par la musique

 Barbe bleue est leur premier « invité ». Ecrit par Grétry et Sedaine au XVVIIIe siècle, cet opéra comique rebrasse le conte de Perrault dont la fameuse chambre interdite, témoin de la confiance, de la curiosité, de la désobéissance humaine, a fait fantasmer ou frémir des générations d’enfants. Rodé le 8 janvier au Théâtre de Saint-Dizier et le 5 avril à la BnF à Paris, le spectacle mis en scène par Juan Kruz amorce une collaboration entre les Monts du Reuil et les musiciens à vent de l’orchestre de l’Opéra de Reims (appelée à se poursuivre en 2017 pour la restitution d’un opéra de Mehul à l’occasion du bicentenaire de sa mort). Sur scène, quatre chanteurs et une dizaine de musiciens s’accompagnent et se donnent la réplique, sortant parfois de leur rôle habituel. « Tous ont été subjugués par cette musique magnifique. C’est une découverte très riche pour nous. Les plus beaux airs sont pour Isaure, la seule femme de l’œuvre. »

Petite forme à domicile

Après le 13 mai, Barbe bleue aura d’autres rendez-vous plus intimes. « Sur une idée de Serge Gaymard, nous avons imaginé avec Caroline Robinson une adaptation de l’œuvre au format appartement dans un décor de maisons de poupée pour pouvoir la jouer chez les gens : ils poussent les meubles dans leur salon et ils invitent leurs voisins, leurs amis, leur famille. » Manière de toucher un public qui ne vient pas spontanément à l’opéra. C’est aussi le but des rencontres en milieu scolaire qui mobilisent les Monts du Reuil. « L’année dernière, nous avons vécu une expérience incroyable avec des 6ème du collège Maryse Bastié dans le cadre de l’opération « Collège en scène ». Ces jeunes qui ont parfois des difficultés n’ont manifesté aucune moquerie ni rejet à l’égard de notre musique et se sont beaucoup investis dans le projet. Devant le résultat obtenu, la principale elle-même avait les larmes aux yeux. On mérite tous d’aller vers les beaux sentiments, les beaux textes, la belle musique. »

 

A savoir

  • Soutenu par la Drac, la Région Champagne-Ardenne et le Conseil départemental de la Marne, l’ensemble Les Monts du Reuil bénéficie du mécénat de la Fondation Orange.

  • Il enregistre à l’Opéra de Reims Le Soldat Magicien qui sortira en disque à l’automne 2016 aux Belles Ecouteuses.

  • Hélène Clerc-Murgier écrit également des romans policiers historiques dont le dernier, La Rue du Bout-du-Monde, paraîtra en juin dans la collection de poche « Babel noir » chez Actes Sud.

 

© Photo Axel Coeuret

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