The Rake’s Progress à l’Opéra de Reims

L’Opéra de Reims coproduit The Rake’s Progress de Stravinsky, une nouvelle création qui montre toute l’invention d’un jeune metteur en scène sur un sujet d’une criante modernité. A découvrir les 18 et 20 novembre.

David Bobée est un jeune metteur en scène qui s’est consacré au théâtre. Jusqu’à ce que le directeur du Théâtre de Caen le mette au défi de monter un opéra. Même pas peur. « Il a vu que j’étais capable de gérer les spectacles grand format, que j’étais à l’aise dans l’orchestration de plusieurs disciplines. Certes l’opéra était une discipline inconnue pour moi mais découvrir quelque chose rend créatif et permet de marcher sur ses préjugés. » Et pas n’importe quel opéra : The Rake’s Progress, composé en 1951 par Igor Stravinsky, sous l’inspiration de gravures de William Hogarth qui, en racontant le parcours initiatique de Tom Rakewell, dénoncent la débauche, la corruption, l’individualisme, l’insouciance… «  Le livret a une vraie qualité littéraire qui n’est pas si fréquente. Il offre une belle matière par rapport au traitement dramaturgique que je pouvais en faire. L’opéra est un art contemporain qui se crée avec toutes les influences, tous les outils d’aujourd’hui. J’ai respecté l’histoire, un conte moral qui peut nous apprendre des choses sur notre époque et résonner avec elle par rapport à la liberté sans morale, l’enrichissement facile. Jusqu’où aller quand on veut éprouver sa liberté sans avoir de cadre moral ? C’est la problématique de Tom, riche sans mérite, marié sans amour, vivant sans conscience. Cela l’amène à sa propre ruine. »

Ni tout blanc ni tout noir

« On a travaillé sur la complexité des personnages. On a essayé de les contredire, de sauver les personnages condamnables et d’obscurcir les personnages positifs. Ainsi Nick Shadow n’est pas que le diable. Sa seule violence est d’accéder aux désirs de Tom. Tom n’est pas un jeune naïf victime d’un plan diabolique mais victime de ses propres pulsions. Anne Trulove n’est pas la figure de la jeune amoureuse, c’est la figure de l’indépendance, du féminisme, qui décide de sa vie. Baba la Turque symbolise la notoriété creuse, la célébrité de la vacuité, l’ère du vide. Comme les people sans talent connu que l’on rencontre aujourd’hui. C’est dans le livret, je n’ai rien inventé. L’important, ce ne sont pas les monstres mais l’époque qui produit les monstres. » Et la musique de Stravinsky, portée par une distribution jeune et internationale, le chœur de l’Opéra de Limoges et l’orchestre de l’Opéra de Reims placé sous la direction de Jean Deroyer ? « Elle est moderne, complexe, parfois mathématique. J’ai trouvé ma porte d’entrée dans cette musique par le beau. En déployant les situations théâtrales sur le plateau, j’ai eu la révélation, un choc esthétique. Ça m’a aidé à comprendre la musique. L’opéra n’est pas un art d’enregistrement, il est écrit pour la représentation, fait pour être joué sur scène. » Les chanteurs d’opéra sont-ils des comédiens comme les autres ? « Oui en ce qu’il y a un vrai appétit de leur part d’être vraiment dirigés, nourris comme des acteurs à partir d’une étude de texte. Mais je les rapprocherais plutôt des acrobates, plus dans l’ordre du virtuose, du performeur, presque du sportif. »

Créé au Théâtre de Caen les 4 et 6 novembre, The Rake’s Progress sera présenté à l’Opéra de Reims les 18 et 20 novembre avant de partir sur la scène des Opéras de Rouen, de Limoges et du Théâtre de Luxembourg, tous coproducteurs du spectacle.

 

© Photo David Bobée Arnaud Bertereau-Agence Mona

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