FRAC: Élégances poétiques

En ce moment et jusqu’au 23 février, le grand espace d’exposition du FRAC Champagne-Ardenne est habité horizontalement et verticalement par une œuvre contemporaine inédite et poétique qui dialogue avec trois tableaux de Foujita sur le thème de l’élégance.

L’art, comme la vie, n’est que rencontre. Celle de Marie Griffay et d’Evelyne Taocheng Wang a eu lieu à Amsterdam, s’est prolongée à Paris, puis Reims, Berlin, Rotterdam… Ces multiples croisements ont fait naître entre elles la curiosité, l’intérêt, l’estime et la confiance sur lesquelles s’est bâtie à Reims la première exposition monographique en France de cette artiste d’origine chinoise, aujourd’hui installée aux Pays-Bas. « J’ai eu un véritable coup de cœur artistique pour le travail d’Evelyn” s’enthousiasme la jeune directrice du FRAC Champagne-Ardenne. “Elle a suivi des études d’art classiques en Chine avant de poursuivre sa formation en Europe. Quand je l’ai vue pour la première fois, son thème de recherche était l’élégance à la française, sans avoir jamais encore exposé dans notre pays. D’un milieu plutôt populaire, elle rêvait d’accéder à la classe moyenne et de pouvoir s’offrir des vêtements de créateurs français. En se saignant aux quatre veines, elle a peu à peu réussi à en acheter une vingtaine de la marque agnès b. qu’elle adore. »

Echange agnès b. contre lettre

Et ces vestes, manteaux, robes, chemisiers sont devenus le substrat du projet d’exposition à Reims. Evelyn Taocheng Wang a décidé de se démunir de son si précieux vestiaire en offrant à chaque volontaire de son réseau d’artistes international l’un de ces vêtements. Seule contrepartie : qu’il ou elle lui adresse une lettre exprimant sa propre vision de l’élégance. Ces témoignages manuscrits, accompagnés de photos ou de dessins sur papier de riz, sont mis en scène à plat sur des pupitres à l’éclairage tamisé comme dans une bibliothèque. Sur de grandes bannières murales en tissu, on en retrouve des fragments qu’elle a calligraphiés et zoomés à l’encre et à l’acrylique. Deux ou trois pièces agnès b. sont exposées, détournées, recontextualisées, dont l’une d’elles autour d’une nouvelle de Maupassant, La Parure. L’ensemble est un entrelacs de tradition chinoise et de techniques européennes, où transparaissent les questionnements de l’artiste sur le corps, l’identité, le genre. Et au milieu surgit Foujita. Marie Griffay : « Pour sa première visite à Reims, Evelyn avait voulu découvrir la ville en touriste. Je l’ai accompagnée dans les principaux sites, et notamment à la chapelle Foujita. Là, elle a ressenti des connexions fortes avec Léonard Foujita qui était, comme elle, un passionné de mode, qui cousait, comme elle, ses propres vêtements. » Le musée des Beaux-Arts a accepté de lui ouvrir sa collection Foujita et prêté trois tableaux qui définissent l’élégance à la manière du peintre japonais. L’exposition se poursuit à l’étage avec l’œuvre vidéo d’Evelyn Taocheng Wang, dont le film Hospital Conversation qui entre en résonance directe avec le bâtiment de l’ancien collège des jésuites si l’on se souvient qu’il servit deux siècles durant d’hôpital bien avant d’accueillir le FRAC Champagne-Ardenne.

A savoir
Evelyn Taocheng Wang sera de retour à Reims le 9 février 2020 à 16h au FRAC pour une performance dans le cadre du festival FARaway.

Photo © Martin Argyroglo-FRAC

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