Bruno Barde: l’homme qui veut faire de Reims la capitale du polar

Bruno Barde a contracté très tôt la cinéphilie dans les salles obscures parisiennes. Une maladie infantile devenue professionnelle (mille films vus par an), qu’il veut aujourd’hui transmettre aux Rémois à travers le festival Reims Polar présenté sur les écrans de l’Opéraims du 5 au 10 avril.
Ne demandez pas à Bruno Barde s’il tire fierté des festivals qu’il produit avec succès. « La fierté, c’est de l’arrogance inutile. Ce qui importe c’est la joie de bien faire. Elle donne de la dignité. » Et ne suggérez surtout pas que l’entrée dans le milieu du cinéma de l’étudiant en lettres qu’il était à 20 ans fut le produit du hasard. « Je ne crois pas au hasard. Le hasard, c’est la providence qui voyage cachée » (emprunté à Einstein).
Il y a les mots qui le dérangent. Et il y a les mots qu’il affectionne. Transmission. Talent. Le sien est d’accompagner celui des autres. Almodovar, Moretti, Bae Chang Ho, Terence Malick, Jim
Jarmusch… En sa qualité d’attaché de presse, de publicitaire ou de directeur de festivals. « C’est-à-dire qu’on défend les auteurs, les films. Ce qui est la beauté dans un monde qui enlaidit le beau et embellit le laid. »

Synchronie parfaite

Il y a les gens qui lui ont fait découvrir le métier : Jacques Itah, Simon Mizrahi, Bertrand Tavernier… Et ceux avec lesquels il a évolué dans le microcosme : Gérard Lebovici, Lionel Chouchan… Il y a les premières fois : Gloria Swanson, la première star accompagnée ; Vivement Dimanche, Les Compères, Danton, ses premières affiches ; le premier film deJacques Dorfmann, tourné en Chine, Le Palanquin des Larmes ; et, en 1995, son premier « Deauville », qu’il va réformer et développer. D’un festival l’autre. Jusqu’à six à la fois pendant un temps : Gérardmer (après Avoriaz), Marrakech, Manaus… Et le festival du film policier de Cognac, qui migre en 2009 à Beaune et qu’il réinstalle cette année à Reims, sous un nom qui claque bien : « Reims Polar ». Pourquoi cette nouvelle relocalisation ? Il y a la version qui l’amuse : « je serais un alcoolique qui passe du Cognac au Bourgogne et du Bourgogne au Champagne. J’espère ne pas finir à Vittel, mais certainement pas à Vichy ! » Et il y a la vérité. « Nous sommes producteurs de tous nos festivals. Si on ne peut plus les faire comme on croit devoir les faire, on s’en va. » C’est ce qu’il dit dans l’émission de Naguy sur France Inter, annonçant qu’il voudrait travailler « avec une ville qui aime le talent, le cinéma et le polar. » Synchronie parfaite : Reims publie en mars 2021 un appel d’offres pour l’organisation dans ses murs d’un festival de cinéma d’envergure internationale. Public Système Cinéma, que Bruno Barde dirige, répond et gagne. « On va pouvoir s’en donner à cœur joie pour faire de Reims la capitale du polar. Et plus tard une Capitale européenne de la culture. »

L’élitisme pour tous

La priorité pour lui, c’est que les Rémois s’approprient le festival. Avant même qu’il ne rayonne dans la région, en France, et à l’international. « Ça va prendre du temps. Au minimum cinq ans. Ça nous met une grosse pression. Rien n’est acquis, rien ne nous est dû. Malgré l’expérience, il faut recommencer, convaincre à nouveau les producteurs, les distributeurs, les metteurs en scène, les journalistes. » L’Opéraims va devenir le palais du festival. Accueil des invités, photocall, interviews, projections. Sept salles mobilisées pendant cinq jours. Des films d’auteurs, des blockbusters, des premiers films. « Je veux que ce soit une fête populaire, au niveau de l’art cinématographique. L’élitisme pour tous. On n’a pas besoin de montrer de la merde au gens sous prétexte que ce serait facile. On peut flatter ce qu’il y a de mieux chez l’Homme : son esprit, son intelligence, sa cordialité. Le cinéma est un art parce qu’il rend meilleur. » Bruno Barde montera sur scène pour le lancement de Reims Polar.
Plein de conviction… et de trac. « Je prends du gelsemium avant, ça me détend. Mais si je pouvais ne jamais apparaître, ça m’irait très très bien ! »

 

Photo © DR-Olivier Vigerie

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