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Après l’enregistrement des “Grosses têtes”, l’émission phare de RTL,  ce jeudi soir, c’est ce vendredi que la 77ème édition de la Foire de Châlons ouvre ses portes. Le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, Christophe Béchu, coupera le ruban inaugural à 10h30.

Incontournable rendez-vous de la rentrée marnaise et champenoise, “cette foire ne ressemble à aucune autre“: des concerts, des rencontres, de la convivialité…..une recette éprouvée pour un évènement vivant  dans son époque. Rencontre avec Bruno Forget qui la dirige depuis 30 ans.

Quoi de neuf ? Question récurrente à chaque millésime de cette foire de Châlons-en-Champagne. Donc, 2023, 77e édition, quoi de neuf ?

La Foire de Châlons-en-Champagne vit dans son époque et épouse les tendances sociétales. Dans le neuf, on aura par exemple une aire dédiée aux Jeux Olympiques, un forum solidarité avec des thématiques diverses chaque jour, les rencontres du Grand Est sur la bioéconomie, une augmentation de 30% de la superficie de La Ferme. Il faut chaque année ajouter des nouveaux centres d’intérêt à nos fondamentaux : une foire agricole, économique et sociétale et surtout grand public. 

D’un millésime à l’autre, l’avant foire, c’est quoi dans l’agenda du Commissaire Général ? 

Une année pleine de préparation. Tous les acteurs, régionaux et au-delà, du commerce et de l’économie en général, mesurent bien cette opportunité d’être présents à ce rendez-vous de rentrée et nous sommes en contact quasi permanent avec eux pour faire se rencontrer leurs attentes et celles du public. 

La Foire devient de plus en plus un lieu de rencontres et donc d’affluence pour l’évènement ?

Après plus de trente années à la tête de l’organisation, je suis surpris du nombre, de la qualité, de l’éclectisme des thèmes et de l’affluence des congrès qui se déroulent ici. Là aussi, il faut préparer leur accueil et parfois très longtemps à l’avance. Le blues entre deux foires n’est pas de mise chez nous.  

La notoriété, les records d’affluence, les attentes d’un public exigeant, la Foire de Châlons-en-Champagne peut-elle aller encore plus loin, est-ce nécessaire et comment y parvenir ?

J’ai toujours minoré les chiffres d’affluence. Je m’en tiens à notre moyenne effective de 250 000 visiteurs chaque année depuis 2015. La progression en qualité nous importe beaucoup plus. 

Que faut-il retenir du marqueur fort de la Foire qu’est l’agriculture ? 

Dans l’agricole exposé figurent le machinisme, le respect du végétal, la transition énergétique, la nourriture, la formation, l’emploi … Et surtout l’opportunité pour les agriculteurs de communiquer avec le public. La Foire de Châlons-en-Champagne est une vitrine de la modernité de l’agriculture et de son efficience dans le quotidien des citoyens. 

 Deux mots sur l’influence de Foire en Scène dans les courbes de fréquentation ? 

Le prix d’entrée des concerts, y compris de très haut niveau, est symbolique. Cette fréquentation supplémentaire est utile aux flux commerciaux de la Foire. Les spectateurs de Foire en Scène sont aussi des consommateurs, ne serait-ce que par impulsion.

Vous dites ne pas être obsédé par le court terme, mais plutôt par le devenir de la Foire d’ici à 2030. Pourquoi ?

Le quotidien, nous nous en occupons. La vision à moyen terme nous l’imaginons. En 2030, la Foire sera toujours de son époque avec les préoccupations qui s’imposent à elle :une Foire militante, pédagogique, innovante, stimulatrice d’initiative, promotrice des richesses de nos territoires.

A propos de l’obtention du Label « Eco Manifestation », une Foire inscrite dans son temps, donc responsable, verte, écologiste ? 

D’abord, nous trions les déchets de la Foire. Nous avons quinze jeunes d’Unis-Cité qui travaillent quotidiennement à la propreté raisonnée des lieux, voire à l’éducation du public en matière de respect de l’environnement. Toutes nos équipes sont mobilisées sur ce sujet.

Y a-t-il eu un changement quelconque après l’annulation de la Foire 2020 ?

J’ai l’impression dans cette annulation que l’on nous a inoculé le virus de l’irresponsabilité. On nous a pris pour des incapables. 2020 nous a montré la fragilité des certitudes. J’ai peur, depuis cette date, que l’inertie et l’apathie se soient installées dans le quotidien. Tout est devenu administrativement complexe et tatillon.  

Une Foire qui sonne traditionnellement la rentrée des politiques ?

Évidemment, la personnalité de l’inauguration entre en compte en faveur du prestige de l’événement. La question est de savoir si tout cela va au-delà d’une simple coupure de ruban. Des grands élus ont fait le job en allant à la rencontre d’échanges et de prises de rendez-vous sur divers sujets, avec des élus et des responsables socio-économiques locaux.  

Et voici qu’arrive la 31e année de Bruno Forget à la tête de cette Foire, avec quel état d’esprit ? 

Un état d’esprit à l’inverse de la routine. Aucune foire ne ressemble à une autre. 

Et, un jour, il faudra arrêter. Ma succession, avez-vous déclaré, est de ma responsabilité. Y pensez-vous déjà ?

La Foire est passée de 60 000 visiteurs, dans les années 90, à 250 000 aujourd’hui. L’entreprise à transmettre a considérablement grandi. J’assumerai ma tâche jusqu’en 2026, à 65 ans. 

Une succession issue du sérail ou à partir d’un prestataire privé ?

Je souhaiterais quelqu’un du territoire et les talents ne manquent pas ici.

Peut-on imaginer une succession assurée par la structure EFFEVENT, dans laquelle vous êtes administrateur ?

Pourquoi pas !

Cette Foire a d’abord été un rêve d’enfant. En 2026, la boucle aura-t-elle été bien bouclée ?

On ne refait pas le monde avec ce qui appartient au domaine de l’intime. Je refuse de juger ce parcours. 

On connaît mal, ou pas du tout, la vie de Bruno Forget, hors la Foire de Châlons-en-Champagne ? Elle est comment cette autre vie ?

Choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie. Merci Monsieur Confucius. 

On peut être satisfait d’une carrière accomplie, a-t-on pour autant été heureux ? 

Oui, incontestablement. J’ai choisi d’être heureux. Merci Monsieur Voltaire. 

A l’année prochaine ? 

Oui !

Interiew réalisé par Gérard Delenclos – juillet 2023
Photo ©refletsactuels.fr