Un collectif d’artistes succède à Serge Gaymard à la tête de l’Opéra de Reims avec des intentions nouvelles. Pascal Neyron est l’un des quatre co-directeurs, officiellement en poste depuis le début de ce mois. Une interview réalisée par Catherine Landron pour REFLETS Actuels.
Qui assure aujourd’hui la direction de l’Opéra de Reims ?
Les Frivolités Parisiennes, représentées par Benjamin El Arbi, Mathieu Franot, Christophe Mirambeau et moi-même. C’est un collectif d’artistes qui se sont réunis il y a dix ans autour d’une même volonté de faire découvrir l’opéra-comique de 1850 à 1950, avec la spécificité d’aller chercher des œuvres oubliées pour les donner à entendre au plus grand nombre. Ce répertoire, nous le considérons comme une porte d’entrée vers l’opéra pour ceux qui ne connaissent pas l’art lyrique. Notre compagnie, qui était au départ un ensemble orchestral, est devenue un producteur d’opéra à titre privé. Nous sommes aujourd’hui le premier exemple en France d’un collectif nommé à la tête d’un opéra. Et jeune qui plus est, étant tous des pré-quadragénaires.
Quel est votre projet pour l’Opéra de Reims ?
Il repose sur trois piliers. Le premier, c’est ouvrir la maison. L’ouvrir en travaillant avec les institutions culturelles rémoises, en allant chercher de l’horizontalité, des passerelles, en participant par exemple à la professionnalisation des étudiants du Conservatoire. L’ouvrir physiquement en faisant du Foyer de l’Opéra, après travaux, un espace de rencontre, de restauration, de coworking ouvert toute la journée. On est de ceux qui croient que plus il y a de mouvement mieux c’est. L’ouvrir, c’est aussi la rendre plus accessible en triplant le nombre de spectacles en audiodescription.
Notre 2e pilier : attirer de nouvelles personnes. D’abord les jeunes familles, ce qui veut dire avoir une programmation jeune et très jeune public qui soit institutionnalisée, avec une billetterie adaptée. On veut également décentraliser les créations, qu’elles résonnent en territoire avec l’Orchestre de l’Opéra de Reims qui va devenir la vitrine de notre action dans les communes marnaises, en travaillant avec le Département sur des solutions de transport, toujours dans un esprit d’éco-responsabilité.
Le 3e pilier, c’est la médiation culturelle, avec une forte implication territoriale scolaire et périscolaire. On retrouve là l’identité de notre compagnie où la transmission, la pédagogie est en lien constant avec la création. On se lance dès la saison prochaine avec deux gros projets transversaux
A quoi ressemblera la saison 2023-2024 ? Quelle touche y avez-vous apporté ?
On se doit de faire une programmation hétéroclite, conforme au cahier des charges de la Ville. Serge Gaymard avait déjà programmé les grosses coproductions, avec les Opéras de Metz et de Clermont-Ferrand, et des spectacles de danse. Mais il nous a laissé la place de nous exprimer sur le reste et nous avons travaillé activement depuis novembre. On va retrouver du grand opéra (Dvorak, Puccini, Mozart), de l’opérette (Massenet, Maurice Yvain…), du ballet (Don Quichotte, Car/Men…), du spectacle jeune public (opéra-berceau…), ainsi que des spectacles musicaux proposés par Les Frivolités Parisiennes : Le Chat du Rabbin, Cole Porter in Paris et Frirvol’s Club au Cirque du Manège. Le partenariat avec Césaré pour quatre propositions contemporaines est maintenu et on continue d’accompagner les compagnies en résidence : le collectif IO et les Monts du Reuil qui seront impliqués dans les projets pédagogiques.
Vous consacrerez-vous à 100 % à l’Opéra de Reims ou garderez-vous votre liberté de créer ailleurs ?
Nous sommes quatre, nous allons nous relayer. Soyons réalistes : diriger un lieu, cela demande de la présence. Nous avons répondu en connaissant cette donnée de l’équation. Christophe emménage à Reims. Lucie Robineau, qui nous accompagne à la direction artistique, sera sur place. Mais la compagnie a sa propre vie et chacun continue son trajet d’artiste. C’est Important de garder sa créativité artistique.
La nouvelle saison sera présentée le 9 septembre 2023 dans le cadre d’une soirée festive.
Photo: les Frivolités Parisiennes @DR
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