Gilles Baillat: L’université de Reims face à son avenir

 L’URCA ( Université de Reims Champagne-Ardenne) a conclu ce jeudi soir une journée de réflexion sur son avenir dont le futur grand campus est l’élément central. Pour REFLETS Actuels, Gérard Delenclos a rencontré Gérard Baillat, le Président de l’ URCA. Un sujet publié également dans le nouveau numéro du magazine.

baillat-510refletsactuels.fr/wp-content/uploads/2013/01/baillat-510-373x146.jpg 373w" sizes="(max-width: 510px) 100vw, 510px" />Gilles Baillat est né à Reims et possède des racines rémoises depuis le XIXe siècle. Grands-parents ouvriers agricoles, parents de la petite bourgeoisie, du côté du succursalisme rémois. Dès l’adolescence, il est s’intéressé à  l’histoire et la philosophie. C’est l’histoire qu’il a choisi d’enseigner. Etre professeur était pour lui quelque chose de concret. Il réussit ses concours du CAPES et de l’Agrégation, puis entame une carrière dans des collèges et des lycées, Charleville-Mézières, Châlons-en-Champagne et Reims. Il a été professeur des universités en Sciences de l’Education. Il est aujourd’hui encore vice-président de l’Association mondiale des Sciences de l’Education. Ancien Directeur de l’IUFM, l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres, de Reims, il a assumé la présidence de la Conférence nationale des directeurs d’IUFM, avant d’accéder à la Présidence de l’URCA, l’Université de Reims Champagne-Ardenne.

Pourquoi les sciences de l’éducation ?

« Mieux comprendre l’ensemble des processus éducatifs, à l’école, en apprentissage, en entreprise … Un regard critique sur l’éducation ? Comprendre comment on éduque pour mieux éduquer encore. L’échec scolaire entre dans ce domaine d’étude. En temps qu’enseignant, il a souvent cherché à varier ses pratiques, à enseigner d’une autre manière ».

Qu’est-ce qu’il faudrait changer dans la formation des enseignants ?

« Avons-nous, pour cela, une vision claire et partagée par tous ? Cherche-t-on des connaissances ou des compétences ou les deux à la fois ? Les divisions sont multiples sur ce sujet. Un CAPES ou une agrégation sont des diplômes qui a priori ne prouvent pas votre capacité à enseigner ».

Quelle est la part de l’éducation dans l’échec des jeunes ?

« Je crois qu’il est plus important de savoir ce que les élèves reçoivent et comprennent  que de s’inquiéter de l’auto-évaluation de l’enseignant. Il faut se mettre à la place de l’élève et appréhender au mieux ses problèmes de compréhension. De plus, à chaque élève correspond une compréhension différente, avec des capacités différentes ».

Où en est la formation des futurs enseignants ?

« On va transformer, dès l’année prochaine, les IUFM en Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education. La nouvelle réforme présente un grand intérêt : une formation en alternance et beaucoup plus complète, avec des stages dès la deuxième année de licence et quatre ans de formation avant d’enseigner à temps plein ».

Nouvelle présidence de l’Université, nouvelle politique ?

« L’Université de Reims Champagne-Ardenne doit revenir sur le devant de la scène, avec de la reconstruction dans tous les sens du terme. Le premier élément de cette politique concerne l’ouverture vers l’ensemble des autres établissements d’enseignement supérieur, l’ouverture vers les collectivités locales et l’ouverture sur le monde des entreprises. Le deuxième élément est le rassemblement en interne. Il faut surmonter la perte de confiance des personnels de l’Université. Nous pouvons y parvenir dans les deux ou trois années à venir ».

Quel regard sur la dispersion de l’enseignement supérieur en Champagne-Ardenne ?

« La grande question est évidemment celle des relations entre l’URCA et l’UTT, l’Université Technologique de Troyes, autrement dit entre Reims et Troyes. Nous avons renoué, depuis l’été dernier,  un véritable dialogue entre les deux universités. Nous commençons à y voir plus clair en matière de collaboration sur les cursus d’ingénierie et de recherche. L’UTT n’a pas, aujourd’hui, d’obstacle de principe pour intégrer le PRES, le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur ».

Pourquoi avoir été candidat à la présidence de l’URCA ?

« J’avais depuis un certain temps le sentiment que l’URCA ne se portait pas bien et qu’elle méritait une place plus élevée dans le paysage français. Elle manquait de visibilité et d’attractivité. Trop d’indicateurs dans le rouge. L’URCA manquait d’un vrai cap : vison d’avenir et capacité à fédérer tous les acteurs potentiels vers cet avenir. Je précise qu’il n’est pas question de toucher à la pluridisciplinarité de l’URCA, qu’il peut exister des spécialités à l’intérieur de tel ou tel pôle d’enseignement, mais dans un ensemble transversal et cohérent. Reims ville universitaire ? Le futur Campus va contribuer largement au renouveau de cette image ».

Attraction et répulsion ?

« J’aime ceux qui s’engagent, ceux qui avancent, ceux qui partagent ces valeurs en équipe avec le plus grand professionnalisme possible, ceux qui font ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font, l’authenticité dans les rapports humains. Je n’aime pas la maltraitance au sein d’une entreprise, le manque de respect des uns envers les autres. Le manque d’implication de ceux qui sont sensés travailler à une tâche commune. Ceux qui se comportent ainsi sont des incompétents ».

Sans regret ?

« Ma surprise fut de constater l’ampleur du chantier. Mais, il nous faut réussir. Nous n’avons pas d’autre choix. Il nous faut parvenir en haut de l’échelle des universités françaises ou considérer notre disparition à terme. L’université est un véritable paradigme de l’organisation sociale, le cœur du dialogue, de la collégialité et de la convivialité, le moteur de la connaissance et de la transmission des savoirs, indispensable au développement de toute société. C’est pour cela, notamment, que je milite en faveur de la création d’une université régionale des métiers et de l’artisanat ».

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