Benoist Apparu: l’avenir de Châlons-en-Champagne sans nostalgie aucune

 

Châlons-en-Champagne n’est plus préfecture de région. Quelles conséquences pour vous ?

Nous avons eu une tradition forte de ville administrative, une véritable petite ville mono industrie fonction publique. Nous avons été totalement dépendants de la présence de cette fonction publique. Nous n’avons pas  le droit de rester obnubilé par ce passé. Les lamentations ne servent à rien. Nous devons passer à autre chose et réinventer une nouvelle économie.

N’être plus préfecture de région peut devenir un avantage. Sortir de cette spécificité administrative est salutaire. Assumer cette disparition rapide nous permet de mieux réagir. Le monde d’après est plus facilement envisageable. La rapidité des circonstances implique une rapidité de la réponse.

Qu’attendez-vous du contrat de redynamisation du site de défense ?

Ce qu’il faut remarquer c’est que ce contrat de 30 millions d’euros de l’Etat engage une globalité de 132 millions d’euros avec un apport des collectivités locales (Région, Département, Communauté d’Agglomération et partenaires privés) sur quatre ans.

Ce contrat nous oblige à des engagements que nous avons identifiés en quatre axes : le développement du centre-ville, le développement de l’économie existante, le développement de nouvelles filières et l’attractivité générale du territoire. L’apport financier n’interviendra que sur des projets concrets.

Quelles sont les pistes envisagées ?

Des mesures sont déjà effectives, comme par exemple les dégrèvements d’impôts pour les entreprises locales, de l’ordre de 600 000 euros en 2015, renouvelables en 2016 et 2017. On peut citer des aides au développement des entreprises comme TI Automobile ou Ecolab ou des initiatives actées comme celle du Mess des Entrepreneurs qui sera le regroupement en un seul lieux des décideurs économiques de l’agglomération, sous forme de guichet unique simplifiant les démarches des entrepreneurs.

Le pari du végétale sera le point fort de ce programme. Il s’agit de développer autour de la Foire de Châlons-en-Champagne l’économie agricole et l’émergence des innovations de cette filière à tous les niveaux. Châlons-en-Champagne a la capacité de devenir la capitale européenne du végétal. Nous pensons, également, à la création d’universités d’été du végétal, sur une durée conséquente  et dans un esprit formateur.

L’agriculture mondiale pourrait bien, ainsi, se donner des rendez-vous réguliers à Châlons-en-Champagne. En 2016 devrait intervenir les premiers investissements de la SEM Energie, Société Champenoise d’Energie, nouvellement créée et qui va travailler en faveur des projets dans l’énergie renouvelable.

Avez-vous l’impression d’être loin du nouveau Grand Est ?

C’est le sentiment premier que nous pouvons avoir. Les décisions risquent d’être prises loin de nous, sauf en matière d’agriculture. La vraie question est de savoir si, à long terme, les décisions se prendront au détriment de la Champagne-Ardenne. Il ne sert à rien de déplorer la réforme territoriale.

Peut-être peut-on déplorer un manque d’unité politique à l’intérieur de la région. Ne serait-ce pas le cas en matière d’intercommunalité ?

Dans le cas du projet de communauté urbaine Reims-Châlons-en-Champagne, les rémois ont changé d’avis, c’est leur droit. Cette idée émane de la volonté commune des Rémois et des Châlonnais, comme une première étape à la construction du G3 avec Epernay.  Aucune condition n’a été posée par quiconque à la réalisation de cette communauté urbaine.

Le revirement des Rémois est, à mon sens, une erreur stratégique qui va peser sur le long terme. L’enjeu était de créer un pôle urbain à l’ouest du Grand Est quand les autres pôles urbains sont à l’est de la nouvelle région. Les Rémois estiment que Reims peut être ce pôle ouest. Ils confondent la taille est la puissance. Le Grand Reims ne va pas élargir la zone d’influence qui existe déjà. Reims ne va rien gagner en puissance. Il fallait rapprocher deux pôles urbains pour gagner en puissance. Cette décision manque de vision à long terme.

L’idée de G3 est-elle ainsi abandonnée ?

Entre Reims et Châlons-en-Champagne, nous aurions pu aligner nos politiques publiques, les renforcer et faire des économies d’échelle. Epernay, faut-il le rappeler, a toujours refusé la communauté urbaine entre les trois villes. Ce choix est respectable. Le G3 est passé à un G2 qui a explosé dans les conditions que l’on sait.

Il n’existe plus aucun projet de communauté urbaine dans la Marne. Tant que les considérations à court terme l’emporteront sur une vision à long terme, nous ne serons pas la porte d’entrée ouest du Grand Est. Dans cette affaire, je ne comprends pas la stratégie de Reims.

Préparation des élections présidentielles et primaire à droite, comment voyez-vous l’année politique 2016 ?

La primaire à droite est le seul moyen pour nous d’éviter un second tour entre François Hollande et Marine Le Pen. Avec plusieurs candidats à droite, nous serons éliminés dès le premier tour. Encore faut-il que la primaire soit une compétition et pas un combat. A ce niveau, l’intelligence des candidats est une exigence.

Ce n’est pas un secret, Alain Juppé est votre candidat. Pourquoi ?

Alain Juppé est un homme d’Etat et non pas un homme politique. Nous avons besoin, après dix années de crise économique et de crise morale, de retrouver à la tête de l’Etat un véritable homme d’Etat, un homme pour qui l’intérêt général est une priorité absolue. La politique, c’est exercer le pouvoir et non passer son temps à vouloir le conquérir.

Alain Juppé Président, on vous reverra au Gouvernement ?

Je ne fais pas de politique fiction. J’ai déjà travaillé avec Alain Juppé. Aujourd’hui, je suis son porte-parole, je le vois régulièrement. Les sondages ? Des bons sondages peuvent aboutir à des victoires comme à des défaites. 2017 sera probablement notre dernière chance de voir aboutir les réformes que la France attend depuis quarante ans, l’enjeu est plus important qu’il ne l’a été jusqu’ici. Faute de quoi, c’est la porte ouverte, en 2022, aux extrémistes. Pour parvenir à ces réformes indispensables, il nous faut un Président enfin désintéressé, donc un homme d’Etat.

 

 

 

 

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