Jean-Louis Gourion: 50 ans de métier dans le commerce rémois

Il aurait pu être dentiste, le voici commerçant dans le prêt-à-porter. Pion au Lycée Clémenceau, étudiant en médecine, puis en sciences économiques, visiteur médical, il ouvre à 25 ans sa première boutique de confection, rue de Cernay. Octobre 1967, les premiers pas d’une carrière d’un demi-siècle. Question d’hérédité, semble-t-il, avec un père modiste spécialisé dans la chapellerie et un frère aîné dans le prêt-à-porter féminin.

A la Boutique 119 de ses débuts dans le métier va succéder une dizaine d’enseignes Harri Steed, Module, Caviar qu’il déménage de la place d’Erlon à la rue du Cadran Saint-Pierre, Goldfinger, Look and Like, Parallax, Old River et Casting. Les deux magasins qu’il dirige aujourd’hui reflètent l’aboutissement pérenne du style Gourion : 15 ans pour Casting et 44 ans pour Caviar.

« Je crois être le plus ancien commerçant de Reims encore en activité ». A soixante-quinze ans, Jean-Louis Gourion ne joue pas les patriarches. S’il dit : « C’était plus facile avant », aucune nostalgie n’explique ce constat. La mode, il connaît. La modernité, il s’en accommode. Le boss a roulé sa bosse dans tous les salons professionnels du Monde. Si le bon produit est sa quête permanente, l’accueil, le conseil et le service sont sa réponse aux mutations du commerce.

Ne jamais singer les autres

Exister face à la concurrence vient vraisemblablement de sa devise : « Ne jamais faire la même chose que ses voisins ». Bien sûr, les magasins d’usines et les grandes surfaces des périphéries, bien sûr la propension des jeunes à acheter sur Internet, bien sûr les parkings gratuits à l’extérieur des villes et les prix cassés un peu partout. Le commerce est avant tout une question de relations humaines et de confiance qui les accompagne.

Reims, une cité favorable au commerce ? « Pourquoi ce tramway à l’origine d’une baisse de 25% de mon chiffre d’affaires ? Pourquoi autant de durée dans des travaux qui ferment les accès principaux au centre-ville ? Pourquoi le commerce n’est-il pas aussi l’une des priorités de la planification urbaine ? Pourquoi ce manque de fluidité dans la circulation ? ». Sur ces sujets, Jean-Louis Gourion pousse le bouchon jusqu’à suggérer aux associations de commerçants de défendre le commerce un peu plus que leurs subventions.

Trop d’hypermarchés et pas plus de clients

Sept hypermarchés dans la périphérie rémoise ? « Cela ne sert à rien. Le nombre de clients ne va pas augmenter. C’est l’emploi qu’il faut favoriser et donc faire venir encore plus d’entreprises. Plus d’emplois et donc plus de consommateurs, plutôt que de se disputer les parts d’un gâteau qui ne grossit pas ».

Quand on lui parle de l’animation commerciale du centre-ville, Jean-Louis Gourion évoque les anciennes quinzaines commerciales et surtout les périodes des soldes : « Il faut arrêter les saisons réglementées des soldes et permettre à chaque commerçant de décider lui-même quand il peut ou quand il doit solder ». Et peut-être aussi refroidir les fausses vocations commerciales : « Si j’avais un conseil à donner à un futur jeune commerçant, je lui dirais de rien faire sans la passion du métier et de comprendre qu’il faut encore plus de passion aujourd’hui qu’hier ».  

Pas de calendrier pour la retraite

Sérieux mais avec un large sourire, il ajoute : « Aujourd’hui, si j’avais 25 ans, je me lancerais dans la politique plutôt que dans le commerce ». Jean-Louis Gourion confesse cependant qu’il aime encore son métier et pour l’avenir : « La retraite ! La providence fixera le calendrier. Mes enfants ont leur métier. Bien loin du mien. Passer la main à mes collaborateurs, s’ils en ont envie, est une solution qui pourrait s’imposer ».

Et puis s’installe dans notre conversation cette petite précision loin d’être anecdotique : « Quatre de mes six collaborateurs sont d’origine maghrébine. On se comprend et on s’entend très bien. On est comme dans une famille ». Et oui, il est de là-bas Jean-Louis Gourion. « Au fond de moi, je reste un Oranais ». L’exubérance et la faconde ont disparu de la surface. Mais, n’est-ce pas le fond qui compte.

 

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